Marc Vernier, in portfolio œuvres choisies, 2023
Les « pieds tanqués»1, ancrés, dans l’histoire de l’art et de la sculpture, Philippe Poupet accommode sans complexe les savoir-faire, les techniques et les matériaux d’hier et d’aujourd’hui. Alliant rigueur et trouvaille, invention et aventure, détournant les procédures, poussant les procédés parfois jusqu’à l’absurde, c’est à la production de formes issues « d’un monde en creux » tel qu’il l’énonce, que l’artiste s’attache. Attentif aux temps hétérogènes qu’il convoque (celui de l’art n’est ni celui de l’Histoire ni celui de la fiction), aux concepts qu’il dérange, aux territoires physiques et théoriques qu’il explore, l’artiste est ce joueur qui remanie sans cesse la règle du jeu.2
Philippe Poupet est un aussi artiste voyageur, attentif au monde et à ses contemporains. Ses longs et réguliers séjours au Mexique, comme sa pratique quotidienne du dessin, sont animés par le désir de laisser les surprises advenir, en prenant pour cela le temps nécessaire. Son protocole de dessin collectif intitulé Repriser, invitation à tisser ensemble et à main levée de foisonnantes trames de lignes zigzaguant sur les murs et les plafonds, en est une vivante illustration. Il y a du plaisir partagé dans toutes ces expériences, un souci constant d’être en dialogue avec la matière, le geste, l’altérité et la réalité dans laquelle elles surgissent, tels de réjouissants désordres.
Le travail de Philippe Poupet joue avec le hasard et il ne cherche pas le plus court chemin, bien au contraire, comme s’il s’agissait de rester en altitude, au milieu de voies non cartographiées, pour prolonger la randonnée des sens. […]
Marc Vernier, octobre 2023
Notes :
1 – ou « pés tanqués », en Occitan : les pieds joints et ancrés sur le sol, posture qui donnera son nom à la pétanque.
2 – premier paragraphe extrait du texte d’Isabelle Delamont, in catalogue « Effet rétro, la liberté ou les boules ? »
